Guenièvre l'humaine

Voilà. Début du travail sur les archétypes.

En fait, ce n’était pas une réelle volonté de ma part de le faire. Depuis quelques jours, Guenièvre me « parlait » et comme d’un fait exprès, le sujet est venu sur le tapis sur le Renouveau d’Avalon. La grande question : Qui était-elle ? Qu’est-ce qu’elle représentait ?

Guenièvre par Sandrine Gestin

Personnellement, je la voyais, depuis mon enfance comme la Reine (d’Arthur), l’amante (de Lancelot). Elle avait l’aura d’une séductrice. Puis, j’ai lu les romans de Marion Z. Bradley. Et là, ma vision a changé. Dans ses romans, l’auteur la dépeint comme une chrétienne étroite d’esprit, acharnée à détruire la moindre parcelle du culte païen dans le royaume d’Arthur.

..::.. Sa vie ..::..

On la sait éduquée dans un couvent, façonnée par la rigide doctrine chrétienne du Haut-Moyen Age. Elle y est entrée très jeune et en est sortie pour son mariage. Elle n’a donc connu que la morale chrétienne.

L'adoubement par E.B. Leighton

Après son union au Haut-Roi, la voilà perdue dans un univers qu’elle ne connaît pas, noyée dans un flux constant de sujets, très certainement plongée dans les intrigues de cour. Quel changement par rapport à sa vie en vase clos !! 

Et puis, les années passent et elle ne donne toujours pas d’héritier au Royaume, ce qui a dû amener plus d’un à la critiquer, d’abord de manière secrète, loin d’elle, puis, et ce n’est que mon avis, de manière bien plus ouverte. Alors, arrive Lancelot. Cet homme qui est son champion, celui qui est à son service, l’homme qui s’intéresse à elle et ses écueils.

Dans l’adversité, nous nous rapprochons de ceux qui nous comprennent. C’était la voie royale pour l’adultère.

 ..::.. Quelle idée véhicule Guenièvre ..::..

Guenièvre par Brucero

Sur le forum, Morrigan a parlé de son hypocrisie ; elle, Guenièvre, qui parlait de la vie de Jésus, de la vie dépravée des païens surtout de leur « liberté » sexuelle lors des fêtes de Beltane. Tout ça pour finir par tromper le Roi avec son champion, tout en étant l’ambassadrice de la chrétienté à la cour ! Il est vrai que l’hypocrisie semble être le maître mot de la reine !

Et c’est là que j’ai compris. A croire que Guenièvre voulait me montrer quelque chose. Elle n’est pas hypocrite, elle est humaine. Sûrement la plus humaine de la légende arthurienne.

Elle est ce que nous sommes.

Imaginez une enfant du Moyen-Age entrer dans une communauté vivant en autarcie. Pas de contact avec l’extérieur, pas de point de comparaison. Lorsque, chaque jour de votre vie d’enfant, on vous répète les même chose, vous finissez par y croire. 

Quand on vous répète pendant des années que si vous pêchez, vous brûlerez éternellement dans les flammes de l’enfer, ça doit énormément marquer une enfant. Imaginez maintenant être propulsée dans une société, une cour, où vous ne connaissez personne, où les modes de vie et de pensée divergent de tout ce que vous avez connu. La différence entre la morale chrétienne et la ligne de conduite païenne devait être énorme et terrifiante pour cette jeune fille fraîchement sortie de son couvent. Personnellement, je la plains. Elle a dû se dire qu’elle avait été jetée en plein milieu d’une arène d’hérétiques. Tout était si différent qu’elle a dû se refermer sur elle-même et prier d’autant plus pour sauver son âme…

Alors oui, elle a essayé de vivre selon des principes stricts mais ses "faiblesses" - si on peut les appeler ainsi- la mène au-delà des limites qu'elle s'était fixées. Le couvent ne l’avait sûrement pas préparée à ce qu’elle a vécu. Alors, encore une fois, à cause de l’inimitié ambiante qui devait jalonner ses journées, je comprends qu’elle ait cherché du réconfort auprès de la seule personne qui lui montrait de l’intérêt…

Nous sommes tous plus ou moins comme Guenièvre. L’hypocrisie est en chacun de nous.

Je prends mon exemple qui est selon moi, le plus parlant. J’entends souvent des païens dire qu'il faut absolument être tolérant, que c'est la base de notre religion... mais combien de ces mêmes païens cramponnés et distillant à l'oreille de qui veut l'entendre ce noble précepte, se retrouvent à cracher sur la bible, les chrétiens, leur façon de penser,... Même si je n’apprécie pas particulièrement le christianisme que je trouve austère, trop austère, je me suis astreinte depuis de nombreux mois, à ne pas critiquer la Bible même si je trouve le comportement de certains chrétiens plus que anti-chrétiens.

Enfin bref, telle Guenièvre et ses principes qu’elle a finis par abandonner, nous voyons la poussière dans l'œil du voisin mais pas la poutre dans le notre... 

C’est peut-être ça qui nous déplait autant chez elle : l’image qu’elle nous renvoie de notre propre humanité avec ses travers…